Péquin

Je ne sais pas combien de projets ont été tués dans l’œuf par le système de censure chinois. Mais ce que je sais, ce que je ressens, c’est que ce système est indubitablement en train de ruiner l’imagination et la créativité des Chinois.

La censure, en Chine, ne relève pas de la loi, ce qui ne l’empêche pas d’avoir plus de pouvoir qu’elle. Chez nous, toutes les lois ne sont pas respectées à la lettre par tous, mais quand il s’agit de censure, et alors même que les règles en la matière ne sont pas vraiment claires, tout un chacun sait, comme d’instinct, à quoi s’en tenir, et prend bien garde à ne pas s’aventurer sur le territoire des sujets tabous ou sensibles.

En 2013, un bon ami à moi a recommandé un livre à une maison d’édition chinoise, l’histoire d’une femme qui tuait son mari. Au départ, la maison d’édition a manifesté beaucoup d’intérêt pour ce projet.

Mais quand elle s’est aperçue que les personnages étaient musulmans, elle a fait machine arrière, disant :« On ne peut pas publier ça », « c’est trop risqué », « les musulmans, c’est tabou ». Malgré mes recherches, je n’ai trouvé aucune loi interdisant de parler des musulmans.

Dans les faits, la résistance à la censure n’a jamais cessé. Aujourd’hui, ce système se heurte à une contestation qui n’existait pas avant l’avènement d’Internet. Les nouveaux outils de communication ont permis de démultiplier les contacts entre la Chine et le reste du monde, si bien qu’un grand nombre de Chinois s’est familiarisé avec l’anglais, inventant de nouveaux mots,...